Les origines philosophiques des droits de l’homme

Les Droits de l’homme sont liés à l’existence même de l’être humain De son état d’embryon à sa naissance et jusqu’aux phases supérieures de son évolution, ils l’on accompagné depuis sa condition primitive jusqu’à celle d’homme civilisé précédant ainsi l’institution de l’organisation sociale et du pouvoir politique Dès le moment où il ne vit plus seul et qu’il entra dans la vie en société, l’homme s’associa à ses semblables par un contrat pour défendre ses intérêts dans le cadre de l’Etat et des systèmes juridiques mis en place pour ce faire Ce contrat social, représentant l’ensemble des membres de la société ainsi constituée va servir à transformer les droits naturels en droits civils.

Les premiers philosophes se sont interrogés pour savoir si la fondation de l’Etat avait pour raison l’institution de la justice toute autre finalité supérieure ou simplement la mise en place d’une construction artificielle destinée à traiter de la défense des droits et des intérêts des personnes dans le cours de leur existence C’est ainsi que les lois prirent la place de la sagesse et de la raison pour assurer l’impartialité des jugements. Dès lors, l’Etat prit la relève en instaurant la primauté de la loi fondée sur les principes de liberté, d’égalité et de justice, avec un ensemble de législations pour faire face aux erreurs, aux conflits ou aux abus pouvant en découler et concrétiser ainsi le droit dans toute sa plénitude L’évolution de l’humanité puis le développement de la pensée politique vont se cristalliser dans la structure de l’Etat comme en un creuset pour de nombreux peoples Tel sera le cas de l’institution de l’Etat islamique qui s’étendra de l’Europe centrale aux confins de la Chine Un territoire immense devenu Maison de l’Islam,à l’intérieur duquel il n’y avait ni limites ni restrictions et qui, s’étendant de l’est à l’ouest, va œuvrer à l’intégration des races de toutes les couleurs pour constituer un Etat universel parfait.

En Europe, au début de sa renaissance, philosophes et penseurs ont porté leur intérêt sur le moyen d’édifier un Etat qui repose sur des fondements constitutionnels et juridiques Ont ainsi brillé sur la scène de la pensée des noms tels que Thomas HOBBS John LOCKE et Jean-Jacques ROUSSEAU Ce dernier pose dans son œuvre célèbre «Du Contrat Social », en 1763, que l’homme a renoncé à une part de ses droits au profit de la collectivité dont il fait partie Le contrat social, selon lui,à l’origine de la souveraineté ou de

l’autorité, a rendu le peuple, en tant que personne morale, souverain suite à l’aliénation des individus Des théories de droits sont nées de la critique du Contrat social de ROUSSEAU.

Il y eut ainsi la théorie des droits des individus, la théorie du droit naturel, la théorie de l’autonomie et la théorie de la solidarité sociale qui considèrent l’homme, social dans sa nature, condamné à vivre au sein d’un groupe et à ne pouvoir satisfaire ses besoins que par et avec la solidarité et la coopération des autres individus. Ces théories ont été à l’origine d’une renaissance intellectuelle et politique qui a changé les systems de gouvernance en Europe en les amenant à s’intéresser aux droits de l’homme Dans ce cadre la Déclaration, issue de la Révolution Française de 1789, énonça le principe fondamental de la Nation dépositaire de la souveraineté de laquelle doit émaner toute autorité échue à toute organisation ou tout individu Suite à la proclamation de la Constitution française de 1793, il est énoncé dans la Déclaration des Droits que « la souveraineté réside dans Je peuple ; elle est une, indivisible, imprescriptible et inaliénable » , En dépit des critiques notables sur l’indivisibilité de l’autorité qui contredit le principe de la séparation des pouvoirs, ces principes se sont consolidés dans les différentes constitutions françaises avec des amendements concomitants relatifs à la separation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire Les répercussions de ces principes se sont fait ressentir au-delà de la France la théorie du mandat divin ne séduisant plus.

En d’autres termes l’absolutisme qui régnait dans le monde chrétien semblait incapable de légitimer l’autorité qui exclut l’individu et ses droits, la société et ses intérêts tandis qu’elle consacre la tyrannie La Révolution française constitua ainsi un tournant historique dans l’évolution des droits de l’homme qui vont passer de leur phase d ·exhortation et de vœux ou du recours à la sagesse et à la raison à la situation de contrats et de droits écrits ayant force de loi. Ce sont des droits civils ou des droits individuels qui ont pour but de protéger et de préserver toute entité humaine et de libérer toutes ses facultés Ils sont fondés sur Je droit à l’égalité et à la liberté qui implique de nombreuses libertés inscrites dans les conventions et les pactes internationaux.

Les droits politiques, quant à eux, visent à associer les citoyens à l’autorité du pays en leur conférant les droits d’éligibilité, de vote et d’accès aux fonctions publiques.

En définitif, la jouissance des droits de l’homme dépend de la nature du système politique de sa réactivité face aux exigences de ces droit et de la mesure dans laquelle il intègre les garanties qui les protègent des violations et des abus auxquels les peuples ont résisté avant de conquérir leurs droits. En effet, il aura fallu D’immenses sacrifices et des révolutions pour mettre un terme à la monarchie absolue La lutte dans ce sens est un devoir car elle est le moyen essential et digne de mettre fin à la marginalisation de l’homme, à l’interdiction d’exercer pleinement ses libertés au sens le plus large et de ses droits inaliénables. Par ailleurs, la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis rédigée par Thomas JEFFERSON et promulguée en 1776 stipule : « Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes tous les hommes sont créés égaux : ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables : parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés Ces principes proclamés dans les droits américain et français ont permis des progress significatifs dans les domaines de la pensée politique, économique et sociale Par la suite, les systèmes de gouvernance ont adopté la émocratie, comme unique régime politique adéquat, fondé sur la volonté et la participation du people.

Les droits politiques et civils de l’homme sont les piliers du système démocratique qui ne limite pas les obligations de l’Etat à assurer la préservation et la protection des droits, pour l’engager aussi à veiller à promouvoir leur universalité et tout ce qui pourrait servir l’individu, œuvrer à son Bonheur et lui procurer justice et sécurité Les droits de l’homme ont évolué depuis les Déclarations américaine et française et bien que chaque civilisation ait de la vie sociale une conception propre liée à sa culture, le rapprochement qui s’est produit entre les États après les deux guerres mondiales, dans le cadre de la Société des Nations et Organisation des Nations Unies, a suscité un intérêt considérable pour ces droits.

L’on s’est attelé alors à leur développement et à l’harmonisation de leurs méthodes et de leurs normes.

 Tous ces efforts ont abouti à l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948 et tous les textes, chartes, pactes conventions et codes, qui la suivirent. De nouvelles generations de droits de ! homme ont également émergé tels que ceux s’appliquant au développement à la solidarité, à la communication, à l’environnement ainsi que le droit à la différence Les droits de l’homme n’affectent plus seulement les droits civils et politiques mais gagnent maintenant les droits économiques, sociaux et autres qui tiennent compte de la prise de conscience grandissante à l’égard de ces droits liés à l’être humain tout au long de son existence dans ce qu’elle implique d’exigences et de rapports sociaux.

 maitre mehri mohamed